Le Covid 19 nous confronte à un monde incertain

L’incertitude est le mot, je crois que je retiendrai de ce confinement. Je pourrai parler d’incertitudes pour être plus exacte.

En écoutant les ressentis de mes patients, les miens, en écoutant des interviews, en travaillant en lien avec des entreprises, j’entends et j’observe beaucoup d’anxiété.

Ne pas savoir de quoi sera fait demain après ce confinement ? Combien de temps cela va durer ? Si la société va se relever de tout cela ? Si on va retrouver ses proches, si on sera encore là quand tout sera fini ? Nous sommes confrontés à  trop d’incertitudes personnelles…

Les entreprises ne savent pas ni quand ni comment reprendre leur activité. La science ne connait pas encore bien ce virus, nous ne savons pas d’ailleurs si après l’avoir eu, nous serons totalement immunisés. Les gouvernants ne savent pas grand chose et ne peuvent répondre à nos questions. Nous faisons face à trop d’incertitudes ambiantes…

Nous ne gérons pas tous l’incertitude de la même manière. Sommes-nous outillés ? Ou plutôt nous a-t-on appris à supporter l’incertitude ? Notre faculté à tolérer l’incertitude est une caractéristique de la personnalité, qui peut varier d’une personne à l’autre. Elle est particulièrement faible chez les personnes atteintes de troubles anxieux. Si vous le souhaitez, vous pouvez mesurer votre propre niveau de tolérance à l’incertitude par certains questionnaires en ligne, comme celui inspiré des travaux du psychologue Nicholas Carleton, de l’université de Regina, au Canada. Si vous avez tendance à répondre positivement à des propositions comme : « Je trouve anormal de ne pas avoir de garanties dans la vie », ou : « Je déteste être pris par surprise », ou : « Il suffit d’un petit imprévu pour tout gâcher, même quand tout a été bien planifié », vous avez de bonnes chances d’être assez intolérant(e) à l’incertitude.

J’ai lu dans un article que la différence qu’il y a entre les personnes qui pillent les rayons de papier toilette et de pâtes d’une part et ceux qui se disent « on verra ce qui arrivera » d’autre part, tient au degré d’intolérance à l’incertitude.

Comme je l’explique souvent, quand nous avons peur, nous perdons notre lucidité de penser et d'agir. Ceux qui ne supportent pas l’incertitude, peuvent chercher à la réduire en tentant d’expliquer par des théories simples. Comme se dire « c’est sûr ce virus a été créé en laboratoire ». J’ai vu les résultats d’un récent sondage qui montrent que nous sommes 26 % à penser que le coronavirus a été créé dans des laboratoires. Le % est encore plus élevé chez les jeunes qui ont grandi dans la sphère des fake news d’internet, où la difficulté de discerner des faits certains et avérés culmine, mais aussi chez les électeurs d’extrême droite (38%) dont l’intolérance à l’incertitude est plus élevée que dans la moyenne de la population. Soyons vigilants car la théorie conspirationniste rassure.

Pour réduire l’incertitude de manière raisonnée, voici quelques conseils :

- Tentons de trouver un juste milieu et de faire le tri entre ce que nous pouvons maîtriser et ce que nous ne pouvons pas maîtriser, entre ce qui est de notre ressort et ce qui ne l’est pas.

- Tentons d’accepter la situation, de se dire que pour le moment nous n'avons pas le choix, que nous ne savons pas.

- Tentons de nous trouver un champ d’action, une mission pendant ce confinement : Rester confinés et respecter les gestes barrières pour ne pas contaminer est déjà une mission. C'est se rappeler le sens de ce confinement.

Je vous invite à trouver une mission pour vous-même et qui a du sens , par exemple : "qu'est-ce que je pourrais faire que je n'ai pas le temps habituellement de faire ou que je reporte toujours ?  Puis une mission pour l’après : comment ais-je envie que cela soit ?

12 avril 2020