Le silence du confinement est bénéfique

Dés le début du confinement, ce que j'ai très vite apprécié fut le calme. L'absence d'activités humaines a laissé place au silence. J'ai trouvé tellement réjouissant de tendre l'oreille pour entendre les bruits de la "nature" en milieu urbain. J'avais l'impression que cette douceur auditive me reposait, je me sentais moins fatiguée.

Certaines personnes doivent penser le contraire et attendre avec impatience, le retour du fourmillement humain avec toutes ces stimulations auditives. Car le silence, quand on n'y est pas habitué, quand on a grandi avec un fond sonore permanent surtout en zone urbaine, peut susciter des angoisses. Et pour calmer celles-ci, on peut préférer laisser la radio, la TV ou de la musique tout la journée.

Et pourtant, j'ai lu dans un article du magazine Cerveau et Psycho, que le silence est excellent pour notre cerveau. En revanche, un excès de bruit peut nous épuiser voire nous tuer en libérant de façon insidieuse, des hormones du stress, causant à la longue des maladies cardiovasculaires.

D'autre part, le bruit érode les capacités de mémoire et d’attention, nuisant aux capacités cognitives des enfants et des adultes. En 2013, une étude menée sur des souris au Centre de recherches sur les thérapies régénératives de Dresde avait comparé les effets du silence, du bruit de fond ou d’une musique douce (une sonate de Mozart) sur la production par le cerveau de cellules précurseures des neurones, sorte de bébés neurones appelés ensuite à se différencier et à renouveler le capital neuronal du cerveau. Les mesures avaient révélé qu’au bout de vingt-quatre heures, la musique douce et le silence avaient favorisé la production de ces nouvelles cellules dans une région cérébrale essentielle à la mémorisation et au repérage spatial, l’hippocampe, alors que le bruit réduisait cette production ; en outre, au bout d’une semaine, seul le silence véritable assurait une production de masse de neurones capables de maturer et de fonctionner efficacement dans le cerveau des souris. L’effet était comparable à celui de l’activité sportive qui provoque la libération « d’engrais neuronal » comme le BDNF, stimulant la croissance de nouveaux neurones dans le cerveau.

Seul le silence véritable assurait une production de masse de neurones capables de grandir et de fonctionner efficacement dans le cerveau. En effet, l’étude de Dresde sur les souris révélait que si le silence faisait pousser de nouveaux neurones, c’était peut-être parce que l’absence totale de bruit est une situation atypique et assez rare dans la nature, et que le cerveau se prépare à se remodeler pour faire face à un changement. Ces jeunes et frais neurones sont encore modelables et aident à faire face à un contexte inédit.

Nos neurones repoussent, donc pas étonnant, qu'en plus de me sentir reposée, j'ai l'impression d'avoir les idées plus claires, d'être plus lucide et sereine malgré l'incertitude ambiante à laquelle nous faisons face. Le silence est donc bon pour notre santé mentale et physique.

Dans quelques jours, le bruit va reprendre possession du silence, peu à peu, de plus en plus fort. Alors nous serons plus fatigués, plus stressés, plus submergés...

Que pouvons-nous faire individuellement et collectivement pour sauvegarder un peu de ce silence qui va nous échapper ?

4 mai 2020